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les soins dentaires et la femme enceinte

PATHOLOGIES BUCCALES EN RAPPORT AVEC LA GROSSESSE
Pathologie muqueuse : (2, 4, 5)
L’action hormonale sur la muqueuse buccale est démontrée expérimentalement et cliniquement.
La gingivite gravidique :
C’est une réponse inflammatoire fréquemment observée lors des grossesses, exacerbée par la présence de plaque bactérienne, aggravée par l’augmentation des taux d’oestrogènes et de progestérones.
L’épulis gravidique :
L’épulis est une tumeur bénigne hyperplasique. Son étiologie reste inconnue, bien qu’un traumatisme, une hygiène insuffisante et les modifications hormonales soient vraisemblablement impliquées dans son développement.
Cette tumeur disparaît après l’accouchement.
Pathologie dentaire
la carie :
Dans l’imaginaire populaire, la grossesse est souvent associée à la perte de dents ou au développement de lésions carieuses.
Cette croyance a attiré l’attention des chercheurs qui ont communément constaté que l’apparition ou l’activation des caries augmente chez la femme enceinte (4).
Pour expliquer ce fait, STELLING et GUSTAFSON (1957), MUHLER et SCHAFER (1956) (cités dans 5) annoncent suite à une expérimentation animale, que la carie dentaire chez la femme enceinte ne serait pas seulement due à un défaut d’hygiène mais aussi aux modifications des hormones sexuelles.
CADENAT et BOUYSSOU (1955) (cités dans 5) attribuent la fréquence de caries aux variations de pH salivaire qui devient plus ou moins acide.
BAUSSER (2000) (4) incrimine la modification du comportement alimentaire des futures mamans dont le régime devient particulièrement cariogène : souvent riche en hydrate de carbone.
Par ailleurs, la femme enceinte pourrait se plaindre d’une douleur diffuse, jamais localisée. Cette douleur serait due aux modifications circulatoires intra-pulpaires entraînant une compression des filets nerveux contre la paroi inextensible de la chambre pulpaire. Cette douleur n’est pas liée à la présence de caries.
Si la douleur survient sur des dents saines, elle disparaîtra après une ou deux semaines, alors que sur les dents cariées, les symptômes persistent, signent une atteinte pulpaire et nécessitent ainsi un traitement d’urgence.
L’hyperesthésie :
Il a été constaté que la grossesse prédispose à des modifications de la sensibilité dentaire dans le sens d’une hypersensibilité dentinaire (3, 4, 6, 7).
L’érosion dentaire :
L’érosion est définie comme une dissolution des tissus minéralisés sous l’action des substances chimiques.
Pendant la grossesse, des cas d’érosion dentaire ont pu être observés surtout au niveau des collets des faces palatines du groupe antéro- supérieur (4, 5).
Les érosions sont dues à une acidité alimentaire ou au suc gastrique qui provient des vomissements répétés.
Ces érosions provoquent des douleurs brèves survenant après le repas, et disparaissant sans thérapeutique après l’accouchement (4, 5).

LA PRISE EN CHARGE ODONTOSTOMATOLOGIQUE DE LA FEMME ENCEINTE
Il n’y a aucune contre-indication à réaliser des soins dentaires, au contraire l’abstention peut avoir des répercussions chez la femme enceinte et le fœtus (2, 8).
Cependant, certaines précautions nécessitent d’être prises. Elles concernent notamment :
- Le stress,
- L’usage des radiations ionisantes,
- Les anesthésies,
- Les matériaux d’obturation,
- Les prescriptions médicamenteuses,
- La présence de pathologies concomitantes,
- Le moment le plus approprié pour réaliser les soins.
Le stress : (2)
Le stress et l’anxiété seront minimisés par l’établissement d’une bonne relation praticien patiente.
Le dialogue trouvera toute son importance pour mettre en confiance la future maman. Il visera à expliquer nos gestes et leur innocuité vis-à-vis du fœtus.
Les radiations ionisantes :
La prise de position de l’American college of radiology est formelle : l’exposition de la femme enceinte aux radiations ionisantes en vue d’un diagnostic dentaire ne présente aucun risque pour le développement normal de l’embryon ou du fœtus (HALL 1991, cité dans 8).
Toutefois, l’association allemande de stomatologie et médecine dentaire recommande (8) :
- l’usage de films à impression rapide,
- L’utilisation du long cône,
- La protection de la femme enceinte par un tablier plombé,
- Et la réduction du nombre de clichés au strict minimum.
Il est vrai que ces précautions réduisent l’irradiation du fœtus, mais la sagesse fait que les examens radiographiques en particulier durant le premier trimestre ne seront effectués qu’en cas d’indication impérative.
Les anesthésies :
Chez la femme enceinte, aucune technique analgésique utilisée au cabinet dentaire n’est contre indiquée.
Concernant les molécules :
- la toxicité des molécules anesthésiques est augmentée par une baisse de la protidémie chez la femme enceinte,
- L’hyperhémie locale entraîne une acidification du milieu qui favorise la forme cationique de la molécule au détriment de la forme de base. Or, c’est la forme de base qui peut se fixer sur le nerf. Ce qui explique les insuffisances de l’analgésie chez la femme enceinte,
- Les analgésiques ont un poids moléculaire entre 257 et 327, toutes les molécules dont le poids moléculaire est inférieur à 600 passent la barrière placentaire.
Bien que la dose toxique (400 mg) soit très supérieure aux doses thérapeutiques, il faut toujours choisir la molécule la moins toxique, la moins liposoluble et la plus liée aux protéines.
La liposolubilité de la substance active conditionne la fixation à l’organisme du fœtus. La liaison aux protéines augmente le poids moléculaire et rend le passage de la barrière placentaire impossible. Pour ces raisons, la Prilocaine (Citanest®), la Lidocaine (Xylocaine®) et la Mépivacaine (Scandicaine®) sont à éviter. Il faut privilégier l’Articaine (Alphacaine®, Ultracaine®, Primacaine®, Septanest®, Bucanest®, Deltazine®, Ubistesine®).
Les matériaux d’obturation :
Les matériaux destinés aux soins conservateurs, composites, verres-ionomères et oxyde de zinc eugénol peuvent être utilisés. Aucune publication n’a cité la possibilité de passage transplacentaire des composants de ces produits ou éventuel effet cytotoxique.
L’amalgame réputé pour l’effet toxique lié au mercure, est à éviter. Un autre matériau à titre provisoire ou définitif sera utilisé. Si la dépose d’amalgame s’impose, elle sera réalisée sous digue afin de minimiser le risque d’inhalation des vapeurs de mercure.
La prescription médicamenteuse : (3, 6, 8)

Le soin dentaire ou le traitement d’urgence prodigué peut être complété par une prescription médicamenteuse lorsqu’une infection est installée. La grossesse ne doit pas faire retarder le traitement des affections de la cavité buccale. Cependant certains antibiotiques, certains anti-inflammatoires ou antalgiques sont à éviter soit pendant la durée de la gestation soit seulement à certaines périodes de celle-ci.
Les antibiotiques :
L’antibiotique de choix pour le traitement de la majorité des infections d’origine dentaire est la Pénicilline.
Les céphalosporines de première génération et l’érythromycine peuvent être prises, leur innocuité semble être établie et ils n’ont pas d’action toxique ni d’effet tératogène.
Les tétracyclines sont à proscrire, car en plus des dyschromies dentaires qu’elles provoquent chez le nouveau-né, elles sont responsables de cataractes et d’anomalies congénitales des membres (2). Elles peuvent également entraîner une dégénérescence graisseuse des cellules hépatiques et une nécrose pancréatique chez la femme gestante (6).
Les anti-inflammatoires :
Une infection s’accompagne toujours d’une inflammation.
Pour lutter contre l’inflammation, le praticien fait appel aux anti-inflammatoires. Toutefois, ces molécules sont à éviter chez la femme enceinte, à savoir les anti-inflammatoires non stéroïdiens ou les anti-inflammatoires stéroïdiens.
Les corticoïdes peuvent entraîner un retard de croissance fœtale, ainsi qu’une éventuelle action sur la maturation pulmonaire et sur certaines régions du cerveau (4). Ils ne sont administrés que lorsque le pronostic vital est mis en jeu ; en cas de choc anaphylactique par exemple (2).
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont responsables d’une fermeture prématurée du canal artériel provoquant des détresses cardiaques chez le nouveau-né, ils sont à proscrire au cours du 2ème et 3ème trimestre de la grossesse (2, 6).
Les antalgiques :
Le principal motif de consultation de la femme en période de gestation est la douleur. Pour y remédier le Paracétamol reste la molécule de choix n’ayant ni effet toxique ni effet tératogène (2, 3, 6, 8).
L’utilisation de l’acide acétyl salicylique est à proscrire car il a été incriminé dans l’augmentation de fentes palatines, la mort intra-utérine et de retard de croissance.
Le dextropropoxyphène est contre-indiqué au cours du premier trimestre et au voisinage du terme à cause de la dépression respiratoire néonatale éventuelle.
Les dérivés codéinés sont à rejeter, compte tenu des effets tératogènes : anomalies cardiaques et fentes palatines qu’ils entraînent.
Le fluor :
La prescription de fluor chez la femme enceinte n’est plus en vogue. Il a été prouvé que le fluor n’a pas d’effet significatif sur la maturation des tissus dentaires du futur enfant. mais peut être utilisé dans le cas d’érosion ou de vomissement (réalisation de gouttière de fluoration par apport topique).